07/03/2023
[Lauréate 2018 et 2020 Aix-Marseille]
De mars à mai 2023, l’IAC invite l’artiste Camille Llobet à investir la totalité de ses espaces d’exposition. « Fond d’air » rassemble un corpus d’œuvres existantes et récentes qui donne à voir dix années d’un travail ciselé.
Camille Llobet met en place ce qu’elle appelle des « expériences filmées ». Par la répétition et l’uniformité de l’exercice, elle dépouille le langage de sa dimension sémantique pour en révéler les éléments involontaires. L’écriture des synopsis, semi-improvisés, partagée avec les performeurs est rendue possible par la proximité de travail qu’elle instaure. La recherche de l’automatisme et de la performance, autant physique que mentale, constitue en elle-même un objet de fascination pour l’artiste. Au fil de l’exposition, le visiteur rencontre des sportifs, des danseurs ou des guides de montagne, qui ayant une conscience et une maîtrise remarquables du corps, ont acquis des automatismes sensationnels. Camille Llobet ne magnifie pas ces corps qu’elle observe hors contexte, elle donne à voir un langage intérieur, libéré des intentions.
Dans Sténoglossie, projet lauréat 2018, les performeurs décrivent, de la manière la plus factuelle, ce qu’ils voient, tandis que nous non, des séquences de Pickpocket (Robert Bresson), dans lesquelles les gestes automatiques, disséqués, et prennent une dimension narrative.
Dévoilé à l’occasion de Fond d’air, le projet Pacheû, lauréat 2020, témoigne d’un changement d’échelle et de paradigme. Jusqu’ici animée par le besoin d’ausculter les perceptions et les interprétations humaines dans un cadre décontextualisé, Camille Llobet situe pour la première fois son étude en haute montagne, où elle habite, pour une immersion dans la matière, les lignes et les glissements d’un milieu aussi grandiose que menacé. Le regard n’est plus porté sur l’être humain seul face à son contexte mais sur une forme d’interrelation et de coexistence.
Retravaillée à la manière d’un studio d’enregistrement, l’exposition offre une possibilité d’écoute inédite, et transpose à l’espace d’exposition les contraintes jusqu’ici réservées à ses lieux de tournages. Pensées comme des volumes, les œuvres vidéo invitent les spectateurs à faire une expérience à échelle 1.
Exposition du 10 mars au 28 mai 2023
Du mercredi au vendredi de 14h à 18h le week-end de 13h à 19h
Institut d’art contemporain
11 rue docteur Dolard
69100 Villeurbanne