20/11/2022
Une exposition de Olivier Kosta-Théfaine
Lauréat 2018 de l’appel à projets de création Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers
Du samedi 10 décembre 2022 au dimanche 15 janvier 2023
Vernissage le samedi 10 décembre à 11h30
à La Chapelle du Quartier-Haut, 2 - 10 rue Borne, 34200 - Sète
Une exposition proposée en partenariat avec la Ville de Sète.
Si Olivier Kosta-Théfaine rappelle souvent qu’il vient de Sartrouville et qu’il est un artiste autodidacte, c’est évidemment pour suggérer le chemin qu’il parcourût en bravant le « plafond de verre » et sa volonté de concevoir - quoiqu’il en coûte - une œuvre. Sans tomber dans les clichés du déterminisme social ou de la figure marginale de l’artiste, ce parcours singulier a imprimé son projet esthétique. Les exemples sont nombreux. Souvenirs des Indes présentait en 2011 dans une vitrine minéralogique les précieuses reliques d’une cité HLM dynamitée. Plus récemment, l’artiste exposait dans l’aristocratique Villa Médicis de vulgaires jardinières décorées de quelques agrégats trouvés sur les plages d’Ostie.
Le titre de l’actuelle exposition Ciel noir, mer noire évoque les murs noirs de la Chapelle du Quartier Haut et son histoire passée, celle des « sœurs noires » qui appartenaient à la congrégation des Mauristes. L’artiste le concède, Ciel noir, mer noire dénote une forme de mélancolie et contraste avec le bleu de la Méditerranée. Il se réfère surtout à l’île d’Yeu où il vit et dont la situation au milieu du Golfe de Gascogne expose celle-ci à une météorologie océanique qui peut être bien rude.
À l’instar des paysages qu’il peint au feu, l’artiste a été remarqué pour son art du collage et du contraste. En juxtaposant les grands ensembles et les vitrines de musée, les beaux décors et les tessons de verre, il explore ce qui est inventorié et déclassé, ce qui semble proche ou lointain, familier ou exotique. À Sète, il expose des objets et des œuvres qui, quelle que soit la noblesse ou la vulgarité qu’on veut bien leur attribuer, ont bien plus en commun. L’écailleur trouvé à Palavas-les-Flots vient en fait du Canada. Le bidon en plastique produit industriellement est un objet familier des marins qui s’en servent pour écoper le trop de mer. Le tabouret comme on en trouve dans un atelier a été fabriqué à partir d’une palette de transport, alors que pour ses tableaux minimalistes, l’artiste a réalisé lui-même son argile prélevée à la pointe occidentale de son île.
Les œuvres comme les objets qui nous entourent dans la vie quotidienne n’existent pas pour eux-mêmes, mais de manière relative et relationnelle. Un monochrome est une convention au même titre qu’un tabouret, et la valeur esthétique est tout autant relative que l’efficacité fonctionnelle. Tour à tour élégant ou vulgaire, minimaliste ou pittoresque, par ses œuvres Olivier Kosta-Théfaine indexe ce qui sépare et ce qui relie, géographiquement et socialement.
- Texte de Julien Fronsacq, conservateur en chef au MAMCO à Genève.
NOTE D'INTENTION DE L'ARTISTE
« J’observe des coquillages cimentés sur le muret d’une maison ouvrière, je photographie les retouches spontanées de peinture sur un portail. Je m’arrête sur autant de détails que j’appelle des “potentiels” : des éléments d’une certaine banalité que personne ne regarde…
Je marche dans la ville, je tourne, me perds dans des friches, zone en périphérie. Je vais ici ou là, au fil des rencontres ou des conversations. Ce que je vois me rappelle un temps où je venais dans le sud pour faire des tags, me permet d’établir des analogies avec l’endroit d’où je viens et où je vis aujourd’hui.
Je prends des images pour documenter ce que je vois, puis je transforme cette matière dans mon atelier afin de créer des narrations, raconter un paysage autre à celui qui existe, et dans lequel je place de l’intime.
Et lorsqu’il devient impossible de se déplacer, qu’on ne peut plus sortir de chez soi, je puise dans mes souvenirs, sur Internet, dans des livres, ou dans la matière que je trouve dans mon atelier, que je ramasse sur les bords de route ou sur les plages. Je tisse des liens entre ces territoires du sud inaccessibles - Béziers, Montpellier ou Sète - et l’île sur laquelle je vis, entourée par l’océan, reliée au continent par les bateaux tributaires des marées et des tempêtes.
À partir de peintures, volumes ou objets trouvés, je propose une exposition qui s’apparente à un paysage bis au réel visité : un autre sud formé par un assemblage d’œuvres issues d’éléments vus ici, là-bas, et ailleurs. »
- Olivier Kosta-Théfaine
OLIVIER KOSTA-THÉFAINE
Celui qui se définit comme un « peintre de paysages » explore la ville par ses marges. Lorsqu’il se déplace dans l’espace urbain, Olivier Kosta-Théfaine est à la recherche des éléments qui nous échappent. Dans sa volonté de réhabiliter l’inintéressant ou le connoté, l’artiste replace dans le champ de la poésie le rapport de force souvent inextricable que nous entretenons avec la ville.
Son intérêt pour le détail le guide dans ses déplacements et nourrit une banque d’images. Se considérant lui-même comme un pur produit de la ville, il se joue des clichés et transforme les références communes. Le classique est détourné au travers des techniques d’un « vandalisme cheap », ainsi lorsqu’il compose sur les trois coupoles du Palais de Tokyo un ciel calciné au briquet, inspiré des fresques des palais italiens, les graffitis des plafonds de son adolescence prennent alors les airs de peintures de la Renaissance.
Artiste autodidacte, son travail a, entre autres, été exposé au Domaine Vranken Pommery (2019, 2021), au Palais de Tokyo (2016), à l’Abbaye de Maubuisson (2012), à la Fondation Cartier (2009), et a intégré les collections du Fonds Départemental d’Art Contemporain de l’Essonne (2013) et du Fonds Municipal d’Art Contemporain de la ville de Paris (2011). En 2016-2017, il est pensionnaire à l’Académie de France à Rome / Villa Médicis.
INFORMATIONS PRATIQUES
Tous les jours de 10h à 18h
Fermeture hebdomadaire le mardi
Entrée libre et gratuite
Olivier Kosta-Théfaine, Monochrome, 2021. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Sans titre (coquilles), 2022. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Sans titre (écailleur), 2022. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Sans titre (Martyr), 2022. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Sans titre (Soutiens), 2022. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Sans titre (tabouret), 2020 et Sans titre (Rose), 2021. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Sans titre (Souvenirs de bord de mer), 2022. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Paysage de banlieue (Moucari), 2022. Crédit : Corinne Sospedra.
Olivier Kosta-Théfaine, Monochrome, 2021. Crédit : Olivier Kosta-Théfaine.
Olivier Kosta-Théfaine, Écopes, 2022. Crédit : Olivier Kosta-Théfaine.
Olivier Kosta-Théfaine, Nuancier, 2022, Crédit : Olivier Kosta-Théfaine.