19/06/2018
Ce récit prémonitoire énoncé à la fin des années 50 sert d’amorce à l’exposition Dropping knowledge. Comment les artistes exploitent-ils les revers de cet esprit de synthèse, poussé à l’extrême, à savoir : s’adapter aux formats de l’information, au nivellement et à l’absence de hiérarchie entre les sujets ?
Dropping knowledge dont le titre fait explicitement référence au célèbre hébergeur d’informations classées et synchronisées (Dropbox) se veut en phase avec un monde connecté, réticulé, aux savoirs en partage.
Les données sont désormais stockées dans des « codes » signifiant des systèmes organisés de symboles. Le philosophe Michel Serres souligne dans Petite Poucette (2012) l’externalisation du savoir, désormais à portée de main. Dans ces conditions, l’esprit humain, assoiffé de connaissances mais happé par le temps, se voit tenté par une pensée en réduction, facile à loger dans une « tête étêtée ».
Les artistes contemporains font reposer leur histoire de synthèse sur un principe de mutation, de contraction ou d’égalisation de savoirs parallèles souvent fort éloignés. Ils floutent l’acte d’écrire et de photographier, de voir et de lire, en référence à toutes ces images qui nous programment. Sous couvert de manipulations d’informations complexes, ils induisent des erreurs et ébranlent un peu plus ce système de pensée par trop formaté, au débit généralisé et aux titres aguicheurs. L’œuvre d’art soumise à ce tempo frénétique qui appelle chaque jour un peu plus l’inconstance, la versatilité, résiste comme elle le peut à cette insignifiance qui la guette ; se voir réduite à un jugement minoré du type « I like ».
Texte de la commissaire Alexandra Fau.
Avec les artistes : Rossella Biscotti, Antonio Contador & Carla Cruz, Natalie Czech, David Dubois, John Latham.
Du 16 mars au 5 juillet 2018
Horaires d'ouverture : du mercredi au vendredi de 10h à 12h et de 14h à 18h.
1-Interview du physicien Robert Oppenheimer, l’un des pères de la bombe atomique américaine, Le Monde, Paris 29 avril 1958.