01/10/2020
Suite aux décisions gouvernementales, le 33 est fermé depuis vendredi 30 octobre 2020.
Du 10 au 18 décembre 2020, vous pouvez visiter l'exposition en privé, dans un cadre uniquement professionnel. Rendez-vous au 06 18 76 25 88.
Nous remercions Isabelle et Roland Carta pour le prêt du lieu.
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Le 33, 33 rue Saint-Jacques, Marseille 6e
Lieu prêté par Isabelle et Roland Carta.
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Exposition dans le cadre de Manifesta 13 - Les Parallèles du Sud et du Printemps de l'Art Contemporain, organisée par Mécènes du Sud.
AS WE GO ALONG
Ymane Fakhir manifeste un intérêt récurrent pour l’identité culturelle, la mémoire familiale et les intrications sociales, comme la place de la femme ou la double culture. Dans son travail, elle pratique des enquêtes au long cours qui nécessitent une grande proximité humaine. Elle entre ainsi dans le quotidien de communautés dont elle observe les usages, les histoires et les projets. Devenu principe actif, cette recherche empirique à la rencontre de sa propre individualité forme un précipité qui trouve dans l’œuvre, le plus souvent protéiforme, sa solution.
Engagée depuis 2013 dans des projets culturels à la Cité La Castellane, un ghetto paupérisé de 4 500 habitants, soumis à la violence du trafic de drogues, Ymane Fakhir y a entamé en 2017 une nouvelle recherche. Entretenant un lien actif avec son pays d’origine, le Maroc, elle s’intéressait à la représentation intime du pays que l’on a laissé derrière soi en émigrant. Restait-elle figée ou était-elle d’actualité ? Quel rôle jouait la dissociation de deux destins, national d’un côté, et individuel de l’autre ? Y avait-il entre pays d’origine et natif de ce pays, distanciation ou identification ? Était-elle consciente ?
Cette recherche se heurta à des murs visibles et invisibles dont l’artiste rend compte ici par un point de vue entravé à plusieurs titres, mur, flou, « tapis de fakir » et désincarné. Une mise à distance qu’elle a vécue et observée. La cité produit un kaléidoscope des réalités : celle des dealers, des familles, des acteurs sociaux, des enseignants, des policiers. Or, sans conscience que chaque réalité est par nature subjective, le risque est grand de se retrancher derrière d’invisibles murs où toute parole est inaudible. Un cercle vicieux qui aboutit à l’isolement, et l’isolement à l’impossibilité de voir.