04/03/2021
Exposition du 25 mars au 20 juin 2021
PROLONGEE JUSQU'AU 20 JUIN 2021
Préouverture exceptionnelle le mercredi 24 mars en présence du commissaire et des artistes selon les contraintes sanitaires en vigueur et sur rendez-vous.
Les conditions d’inscription et horaires de cette préouverture seront rendus officiels ultérieurement.
Commissariat d’exposition : Nils Alix-Tabeling
Une exposition avec Mélissa Airaudi, Nils Alix-Tabeling, Mark Barker, Vanessa Disler, Justin Fitzpatrick, Namio Harukawa, Tiziana La Melia, Marie Lassnig, Marie Legros, Laure Mathieu-Hanen, Tai Shani, Kengné Téguia, Alison Yip.
Les visites de l'exposition se feront dans le respect des normes sanitaires en vigueur et, pour le moment, sur prise de rendez-vous :
mercredi, jeudi, vendredi 10:00 - 12:00 / 14:00 - 18:00
samedi 12:00 - 18:00
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Note d’intention du commissaire
L'exposition Fly, Robin, Fly prend pour point de départ la figure du chanteur castrato, ici maintenue comme une présence flottante, alternant entre un fantôme habitant l'espace et un esprit protecteur. Les différentes œuvres et interventions de l’exposition viennent disséquer, digérer, et rendre hommage au potentiel sémantique fluide et mutant des castrati.
L'histoire des chanteurs castrati est marquée par une coupure, une section. Angus Heriot dans son livre "The Castrati In Opera", ou Martha Feldman dans "The Castrato ; Reflections on Natures and Kinds" décrivent la façon dont la violence du geste émasculatoire est mystifiée (accident de cheval, blessure due à un duel, etc.). L'émasculation devient un mythe originel donnant naissance à un nouveau corps. La perte d'un organe est présentée comme le point de départ d'une nouvelle voix. Voix au sens de chant, mais aussi d'une nouvelle place dans la société. L'histoire des chanteurs castrats est aussi marquée par des intrigues, et l'amputation crée un nouveau terrain de fertilité au sens de fertilité politique et culturelle. La voix alien du chanteur castrato, oscillant entre différents registres, et à la plasticité fluide, est aussi celle des différents artistes de Fly, Robin, Fly, une exposition où les voix dissonantes et les désirs queers s'imposent et prennent possession des espaces de Mécènes du Sud Montpellier-Sète.
Les relations historiques à l'œuvre entre les corps des castrati, ainsi que les falsettistes qui les imitent, ou les chanteuses qui se travestissent pour accéder à la scène, sont complexes. Et c'est sur cette polysémie des corps que l'exposition Fly, Robin, Fly s'attarde. Le geste émasculatoire peut être lu de différentes manières. D'abord comme une violence envers les corps queers, un marquage ou une imposition, puisqu’historiquement, l'émasculation a eu un rôle punitif envers ces communautés souvent justifié par le monde médical. Et aborder l'émasculation à travers la figure du castrato a donc un rôle de témoignage de ces violences. Mais l'émasculation prise au sens métaphorique peut aussi être vue comme une reprise de pouvoir, une critique de la masculinité toxique, une scission théorique pour s'extraire d'une hégémonie patriarcale. Les mouvements et prises de paroles féministes ont souvent été vécues par les sociétés dominantes patriarcales et hétéronormatives comme castratrices, et par extension angoissantes, effrayantes.
À l'image de la célèbre phrase de l'activiste Eva Kotchever : "Men are admitted but not welcomed" l'exposition Fly, Robin, Fly propose de repenser cette relation, en invitant les visiteurs à embrasser cet abandon de la masculinité toxique avant d'entrer dans l'espace de Mécènes du Sud. Ce afin de générer un nouveau rapport au corps, ainsi qu'un nouveau type de discours. À la façon dont les chanteurs castrats s'annonçaient comme étant nés d'un œuf de coq, l'exposition rend hommage aux franges les plus radicales du féminisme comme les précurseur·se·s d'un monde plus juste. L'œuf de coq devenant ainsi le terreau d'une nouvelle fertilité idéologique.
Ici, la notion de queer est à entendre comme corps marginalisé, incluant tous les corps en résistance face à une norme exclusive. Ceci fait donc référence à des pratiques sexuelles historiquement jugées comme déviantes (des corps traversés par des désirs saphiques et sodomites) ou bien à une relation féministe ou pro-féministe au monde. L'exposition forme ainsi un groupe évoquant la nécessité d'une convergence des luttes transhistoriques.
En parallèle du travail des artistes invités dans l’exposition, Fly, Robin, Fly fera aussi l’objet d’une publication prévue pour l'année 2022. Cette édition reprendra les images de l'exposition, auxquelles viendra s'ajouter un corpus de textes explorant à travers l'essai et la fiction les thématiques abordées dans l’exposition. Création graphique : Pierre de Belgique.
Développement graphique : Noon Collective.
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Avec le soutien financier de la Direction régionale des affaires culturelles Occitanie
Avec le soutien financier du Centre Culturel Canadien
Avec le soutien financier du Forum Culturel Autrichien
Avec les prêts du FRAC Occitanie Montpellier et de la galerie Julien Cadet
Une production Mécènes du Sud Montpellier-Sète
Vue de la façade extérieure de l’exposition. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
DISLER, Vanessa. Songbird Suprem, 2021. Sculpture, barres métalliques, 205 x 70 cm. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
Cliché de TÉGUIA, Kengné. WhatWhouldYou, 2020. Vidéo, 2’35’’. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
Cliché de LASSNIG, Maria. Iris, 1971. Vidéo, 10 min. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
Cliché de SHANI, Tai. Je suis Paradis, 2017 & 2019. Vidéo, 27 min. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
Vue de l'exposition avec Mobilier : ALIX-TABELING, Nils ; Peinture murale : YIP, Alison ; Œuvre sonore : LA MELIA, Tiziana. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
YIP, Alison. House of Sobbing Orchids, 2021. Peinture murale, dimensions variables. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
Vue de l'exposition Mobilier : ALIX-TABELING, Nils ; Peinture murale : YIP, Alison ; Œuvre sonore : LA MELIA, Tiziana. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
Vue de l’exposition : Cliché de LEGROS, Marie. Marcher sur les choses, 1997. Vidéogrammes, deux séquences de 3’20’’ chacune. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
BARKER, Mark. Untitled (sweats), 2021. Sculpture, grès et brindille de Solanum lycopersicum (tomates), 40 x 12 cm. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
À gauche : BARKER, Mark. Untitled (sweats), 2021. Sculpture, grès et brindille de Solanum lycopersicum (tomates), 40 x 12 cm. À droite : Cliché de LEGROS, Marie. Marcher sur les choses, 1997. Vidéogrammes, deux séquences de 3’20’’ chacune.
HARUKAWA, Namio. #59, 2011, Dessin, 27,7 x 19,5 cm ; #17, 2011, Dessin, 27,7 x 19,5 cm. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
FITZPATRICK, Justin. Frieze ! (Seeds of Urizen), 2019.Huile sur toile, 72 x 182,5 cm. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
AIRAUDI, Mélissa. Scène de Commençons par la disparition du réel, 2021. Installation multimédia et performance, dimensions variables, barre de pole dance et miroir, écran, performance. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.
À gauche : FITZPATRICK, Justin. Frieze ! (Seeds of Urizen), 2019. Huile sur toile, 72 x 182,5 cm. À droite : HARUKAWA, Namio. #17, 2011, Dessin, 27,7 x 19,5 cm ; Namio. #59 2011, Dessin, 27,7 x 19,5 cm. Crédit photo : Elise Ortiou-Campion.