01/08/2022
Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers a le plaisir de vous dévoiler les noms de ses lauréat·e·s 2022 !
Pour la troisième et dernière année, notre actuel comité artistique s'est rassemblé afin de sélectionner les lauréat·e·s de nos deux appels à projets lancés en février : appel à projets de création et appel à projets de commissariat d'exposition.
Cédric Fauq, Frédéric de Goldschmidt, Géraldine Gourbe, Anita Molinero et Pieter Meijer, ont retenu six projets de création et un projet de commissariat d’exposition :
- Ça te colle à la peau, de Carla Adra
- Akousma, de Geoffrey Badel
- Le programme OPP-OPS, de Marielle Chabal
- The New Landscape, de Jonathan Martin
- What is the residue left from setting a black puddle on fire ?, de Nesrine Salem
- Notre Dame de la Salette, de Anna Solal
- Nos corps anarchiques, une exposition de Georgia René-Worms
Carla Adra
Portrait de Carla Adra
Collage préparatoire pour Coller à la peau, Carla Adra, 2022.
« Mue par un désir tant charnel qu’intellectuel, Carla Adra déplace, contourne, affine ou enjambe la frontière quasi poreuse entre elle-même et celui ou celle qu’elle rencontre, produisant un vertige saisissant : Comment faire alors la différence entre soi et l’autre ? Non sans érotisme, l’artiste pose dans son travail la question psychanalytique aussi inquiétante qu’excitante de la potentielle disparition d’un être dans l’autre. »
-Leïla Couradin
Carla Adra a récemment exposé son travail à La Galerie, centre d’art contemporain de Noisy-le-Sec, à la Fondation Pernod Ricard à Paris, au CAPC - musée d’art contemporain de Bordeaux, et prochainement au Palais de Tokyo et au Marina Abramovic Institute à Amsterdam.
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“ Coller à la peau est un projet où je développe une forme d’empathie avec le lieu d’exposition Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers en réalisant une vidéo, une installation performative in situ et une sculpture. Ces trois productions donnent à voir différentes formes d’échanges et de fusions entre ce lieu et moi-même. Coller à la peau est une expression qui signifie s’emparer de quelqu’un, l’imprégner, ne pas le quitter, quelque chose dont on ne peut ni se défaire, ni se débarrasser. Une odeur peut coller à la peau, tout comme un passé ou une réputation. En donnant mon corps à l’histoire du lieu et en donnant mon histoire à ses murs, nos récits s’intervertissent et se rencontrent. ”
- Carla Adra
Geoffrey Badel
Portrait de Geoffrey Badel, Crédit : Federico Drigo.
Akousma Partie I, capture d'écran du film de Geoffrey Badel, 2020.
Né en 1994 à Montélimar, Geoffrey Badel vit et travaille à Montpellier depuis 2012. Il est diplômé du MO.CO Esba en 2017.
Récemment présenté dans l’exposition collective Trans(m)issions au MO.CO. Montpellier, son travail sera prochainement exposé au FRAC - Occitanie de Montpellier et à la Fondation Bullukian à Lyon en septembre 2022. L’artiste est représenté par la galerie Vachet-Delmas, à Lyon et Sauve, France.
Geoffrey Badel élabore un travail à travers le dessin, l’installation, l’objet, la performance et leur promiscuité. Sous une approche interdisciplinaire, il collabore régulièrement dans des domaines tels que le champ chorégraphique, la parapsychologie, la chiroptérologie et la psychiatrie. Intrigué par les sciences parapsychologiques et cognitives, ses œuvres deviennent le support transmetteur d’images mentales et inconscientes, dans lesquelles apparaissent des présences fantomatiques qui se tiendraient entre deux mondes. À travers ses recherches et ses investigations dans des lieux paranormaux, il tente d’explorer des phénomènes de conscience et de perception dans l’intention de les réinvoquer.
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À travers le prisme du paranormal, Akousma est un projet artistique qui évoque la notion de transmission liée à l’histoire et la mémoire d’un lieu. Cette œuvre-triptyque prend son origine dans l’expérience vécue d’une enquête paranormale tournée durant deux nuits avec une équipe de chasseuses de fantômes au sein du Centre Chorégraphique National de Montpellier. Les trois actes de Akousma donneront trois retranscriptions différentes de cette expérience. L’Acte I est un film expérimental retraçant l’enquête. L’Acte II est une édition contenant les paroles et les sons, entendus dans le film, reprenant la structure d’un script cinématographique. Les textes sont entrecoupés de dessins réalisés sur des images d’archives. L’Acte III consistera à la réalisation d’un nouveau film avec une seule protagoniste : Mathilde Monnier, chorégraphe et ancienne directrice du lieu, qui incarnera les multiples voix présentes dans le texte. La bourse de Mécènes du Sud participera à la réalisation du troisième acte.
Marielle Chabal
Portrait de Marielle Chabal.
Programme OPP - OPS : recherches, essais. Plans de 3 minutes. Constructions pour le film. Marielle Chabal.
Marielle Chabal est artiste, réalisatrice et chercheuse.
Après des études littéraires et politiques à Paris (Hypokhâgne-Khâgne à Fénelon et Sciences-Po Paris), elle fait les Beaux-Arts à la Villa Arson à Nice et obtient un master au Royal College of Arts, à Londres. Par la suite, elle participe à de nombreux programmes de résidences internationaux en Norvège, en Palestine, au Brésil, au Monténégro, en Inde et en France. Son dernier projet, Al Qamar, a été montré dans le cadre d’expositions personnelles à la Jan Van Eyck Académie de Maastricht et au Palais de Tokyo à Paris en 2019.
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Le projet du Programme OPP-OPS prend la forme d’un documentaire et dilate une utopie pédagogique pour altérer ou augmenter le temps présent et dépasser l’anxiété écologique actuellement dominante. Il propose de réinvestir, sous la forme de films et d’installations, les dynamiques propres aux points de bascule en utopie au travers d’un programme d’éducation destiné à « intensifier les possibles » en transperçant le probable. Il consiste à comprendre, à plusieurs, une conspiration déployée en un programme éducatif réalisé sur une île, pour quelques milliers d’enfants réunis à cette fin dans les années 1990. Le projet se déploie dans un programme pédagogique expérimental à grande échelle (planétaire et générationnelle), visant à repolitiser l’attention à un possible monde commun partageable entre humains et non-humains. Ce programme pédagogique s’inscrit dans le besoin largement partagé de construire un rapport au monde plus éveillé à propos des enjeux (écologiques, géopolitiques, sociaux, éthiques, anthropologiques) qui façonnent notre temps.
Jonathan Martin
Portrait de Jonathan Martin.
The New Landscape, affiche par Céleste Lerouxel.
Jonathan Martin, né en 1986, dans le village Les Lilas, vit et travaille à Florac. Sa production artistique rassemble des films et des éditions, relié·e·s par son intérêt pour la musique et le son, les traditions contre-culturelles, et les potentialités transformatives des technologies des médias. Tournés en 16 mm, ses films partagent une même attention aux sensations, et une prédilection pour des structures austères. Depuis 2013 il est co-éditeur du fanzine Turpentine, avec Jean-Luc Blanc et Mimosa Echard.
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The New Landscape, projet soutenu par Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers, est un film tourné sur pellicule de 16mm, en noir et blanc. L’artiste y suit deux personnages dans les espaces successifs d’une ville – la rue, un magasin de vêtements, une galerie marchande.
Nesrine Salem
Portrait de Nesrine Salem. Crédit : Sabrina Hadj-Hacene.
Capture d’écran de vidéo préparatoire 360° pour le film What is the residue left from setting a black puddle on fire ?, Nesrine Salem, 2022.
Diplômée du MO.CO Esba en 2020, Nesrine Salem s'intéresse aux procédés d'hypervisibilisation de l’être diasporique, en utilisant des images qu’elle nomme “vidéos-rapportées”. À travers le travail de la vidéo et la mise en installation, elle souhaite mettre en avant un ailleurs commun, l’étrangeté d’un dehors familier, en connectant des espaces en apparence sans aucun lien. En 2021, elle est invitée aux Accords de la Cristaline (MacLyon, conception Anne-Sarah Huet pour l’exposition IRLéRL), où elle explore la figure de la flaque de pétrole comme résidu de sa propre extraction.
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What is the residue left from setting a black puddle on fire ? est un court-métrage qui relate une quête de l’acte de deuil.
À travers onze monologues, le personnage s’adresse à la caméra dans un style Vlog, et inclut le·a spectateur·rice dans ses expériences diasporiques telles que les traumatismes intergénérationnels, le rapport à la langue, le tokenisme… La mise à distance habituelle de ces sujets est rompue, le deuil est montré comme une pratique et non un objectif à atteindre.
Anna Solal
Portrait de Anna Solal.
Le Lièvre, Anna Solal.
“Anna Solal appartient à une nouvelle génération d’artistes qui se distingue par une prédilection pour le « fait main », pour le croisement sans hiérarchie de processus empruntés à l’art et à l’artisanat. Elle produit ainsi des assemblages à partir d’objets rebuts […] qu’elle combine à des objets cheap […] issus d’une économie mondialisée. […] Entre logos industriels post-apocalyptiques et bricolages primitifs, ses œuvres déclinent un registre de motifs à l’esthétique à la fois naïve, pop et trash : des fleurs, des oiseaux, des cerfs-volants et des ruches. Aucune intention discursive ne précède le geste. Sans rapport de domination à la matière et avec une certaine empathie pour ces matériaux dénués de valeur, Anna Solal procède […] dans un va-et-vient incessant entre ce que la forme suggère et ce vers quoi elle veut aller. Nul message donc, simplement une parole empreinte de lyrisme et de poésie comme unique tentative, à son échelle, dans la sphère de l’intime et du domestique, de réenchanter un monde en pleine mutation.”
- Lionel Balouin
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“ À travers mon projet Notre Dame de la Salette, je souhaite continuer un travail de dessin à l’encre de Chine autour de saintes catholiques, en intégrant cette fois-ci le collage sculptural. Cette série est librement inspirée de l'extraordinaire secret de la sainte Vierge confié en 1846 à la jeune bergère Mélanie Calvat. Ce secret annonce une suite de prophéties où “les montagnes et la nature entière trembleront d’épouvante, parce que les désordres et les crimes des hommes percent la voûte des cieux”. Cette série de dessins flirtant avec le fantastique met en scène différents types de délitement comme des paysages altérés par la présence industrielle, ou des portraits d’espèces en voie de disparition – des abeilles transparentes comme le verre – ou encore d’inquiétantes processions. ”
- Anna Solal
Georgia René-Worms
Portrait de Georgia René-Worms.
Georgia René-Worms, Selfmedication (The Yellow Wallpaper), 2022.
Georgia René-Worms est diplômée en 2014 de la Villa Arson École Nationale Supérieure d’art, elle a aussi pris part aux programmes de l’école du Magasin (2015) et au post-diplôme de Lyon (2017-2018). Son travail d’artiste et autrice s’articule autour deux axes : un axe documentaire, et un axe narratif, où elle développe une écriture expérimentale, dans la veine des news narratives, des narrations non-fictionnelles où l’autrice s’efforce de représenter honnêtement l’expérience subjective sans prétendre qu’un texte puisse être absolument objectif. Les questions centrales qui habitent sa méthodologie sont : qu'est-ce que nous fait la recherche et qu’est-ce que nous avons le droit de lui faire ? Comment est-ce que l’on prend l’histoire en soi, comment raconter une histoire qui n’est pas la nôtre. Qu’est-ce que le travail fait de nous ? La matérialité qui nous traverse, l’intangibilité de ce que l’on manipule. Elle considère ses recherches comme des expériences de vies où intimité et travail s’interpénètrent. Une pratique organique et multiple, allant de l'écriture à la production d'installation en passant par le commissariat d’exposition.
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Depuis 2020, et à partir de mon expérience personnelle, je réfléchis à la possibilité de mettre en place un corpus, autre que celui de la littérature scientifique, pour aborder dans un geste émancipateur l’histoire des corps malades. Nos corps anarchiques est un projet de recherche, d’écriture de rencontres collectives menant à la production d’un livre-sculpture. Ce projet porte son attention sur les outils de visibilisation des corps malades mis en place par des artistes, essentiellement femmes.
Il s’agit ici d’aborder dans un geste émancipateur l’histoire des corps malades, avec les outils qui sont les miens ceux de l’art. La forme finale de ce projet est l’exposition du texte, le texte montré hors du livre. L’objectif est de penser une mise en scène éditoriale, où le livre en sortant de son format devient sculpture activable et praticable à l’image d’un grand journal intime collectif et public.