26/09/2023
Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers a le plaisir de vous dévoiler les noms de ses lauréat·es 2023 !
Deux appels à projet sont lancés par Mécènes du Sud chaque année : commissariat et création. Le premier permet à un·e commissaire de proposer une exposition à réaliser dans les locaux de Mécènes du Sud à Montpellier au 13 rue des Balances. Le deuxieme donne l'opportunité à un·e artiste de produire une nouvelle œuvre grâce à cette bourse.
Merci à notre comité artistique de sélection composé de Devrim Bayar, Sarah Ihler Meyer, Benoît Lamy de La Chapelle, Paul Maheke, Stefan Puttaert et Natalie Seroussi pour son investissement !
Cette année, 5 projets de création et 1 projet de commissariat d’exposition ont été retenus :
Bon vent, de Camille Aleña et Kevin Desbouis
Camille Aleña tisse, à travers le documentaire, le récit, la performance et la création d'objets, une relation singulière à la musique et à l'image en mouvement. Elle est particulièrement attentive aux tendances expérimentales présentes dans le cinéma qu'elle utilise comme référence dans son travail.
Kevin Desbouis travaille avec les relations abstraites qu’entretiennent corps, économie, perversion et refoulement. Sa pratique se construit autour de situations et d’installations évoquant des rapports dysfonctionnels au divertissement ou des dilemmes moraux.
Portrait de Camille Alena et Kevin Desbouis
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Le projet Bon Vent consiste en la réalisation d'un clip vidéo musical mettant en scène la siffleuse australienne Molly Lewis dans une succession de lieux du sud de la France. Il prend pour point de départ fictionnel la poursuite du Mistral, le ''vent qui rend fou'', et sa capacité fantasmée à dialoguer avec le sifflement de Lewis, ou à le transporter. Du cimetière des Alyscamps aux eaux rosées d'Aigues-Mortes, Bon Vent sera envisagé comme une pièce de forte intensité dramatique, romantique, aux nombreuses références historiques locales. Le ''glamour’’ régulièrement associé aux côtes du sud de la France constituera également un objet esthétique de recherche pour les deux artistes. Ce projet s'inscrit dans le film moyen métrage ''Salt Bath'' co-réalisé par Desbouis et Alena et dont la sortie est prévue au printemps 2024.
Twisted loops and provisional mirrors, de Maïder Fortuné
Maïder Fortuné est une artiste et cinéaste issue de la littérature et du théâtre. Ses films mobilisent une grande rigueur formelle propre à générer une véritable expérience de l'image qui façonne de nouvelles stratégies narratives. Depuis 2015, elle collabore avec l'artiste canadienne Annie MacDonell. Leurs travaux mettent un accent particulier sur le récit en tant que forme, le féminisme en tant que politique vécue, la pratique de l’art et les pédagogies radicales, et sur les manières dont le langage et l'image se façonnent mutuellement.
Portrait de Maïder Fortuné
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Le projet Twisted loops and provisional mirrors s’intéresse à l’archive de l’audience publique de l’Art Worker Coalition, un événement organisé à la School of Visual Art de New York en 1969, qui consistait à inviter les artistes à énoncer publiquement les changements qu’il·elles souhaitaient voir s'opérer dans le monde politique et artistique. Son principal objectif était de faire pression sur les musées pour qu’ils mettent fin à la discrimination et à l’inégalité dans leur politique d’exposition, en veillant à ce que davantage de femmes et d’artistes noire·es et portoricain·es soient représenté·es. Twisted loops and provisional mirrors, considère les éléments de cette archive comme le levier actif d’une confrontation/conversation avec la crise politique et sociale qui agite les sociétés contemporaines et par là le milieu artistique.
Outhere, Maïder Fourtuné en collaboration avec Annie MacDonell
Maison-serre, de Valentine Gardiennet
La pratique de Valentine Gardiennet prend une forme interdisciplinaire, qui voit cohabiter installations, dessins, sculptures et impressions. Son travail questionne le lien et la limite entre fiction et réalité, souvenirs et fantasme, et imaginaire et projection.
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Maison-Serre est un projet de construction en métal, verre et dessin. C’est un théâtre de marionnettes en deux dimensions porté par une structure en volume. Reprenant la forme d’une maison, qui fait écho à la serre, les figures dessinées glissées entre les vitres sont déformées par des cornes, des yeux, des attributs relevant d’un imaginaire fantastique bien lié au réel.
La maison est une forme qui l'accompagne dans le dessin depuis l’enfance, elle en use ici non pas totalement pour évoquer un espace où l'on se sent bien, mais aussi en considérant qu'il peut être un vecteur de normes et de conservatisme lié à la famille ou aux amitiés.
Choper des traces d’expériences et de relations personnelles et les mêler à la fiction, lui permet de créer des narrations fantasmé, modifié, fictionnalisé et de rendre l’espace-serre traversé d’histoires fictives mais “inspirés de faits réels”.
Friends & Friends, dessin (crayons de couleur, bombe peinture), métal, 600 x 150, 2022-2023
© Salim Santa Lucia, vue d’ensemble, Le Wonder
Souvenir de l’homme de plastique, de Jacynthe
Le travail de Jacynthe invoque les corps organiques, inorganiques, et invisibles. Des corps multiples, interdépendants, connectés, empathiques ou défensifs. Des corps poreux, trans-species, traversés par la biopolitique, le genre, les traumas et les hallucinations, mais aussi par l’humour, l’amour, la déconstruction,et les autres espèces qui les habitent.
Les formes biomorphiques, douces, sensuelles et colorées faites de matériaux inertes et vivants, de craft et de new tech cachent des narrations, des poèmes, souvent des émotions douloureuses ou revendicatrices comme une ambivalence, un contraste entre l’intérieur et l'extérieur.
Jacynthe et DSM studio
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Souvenir de l’homme de plastique est une fable ironique et onirique où des habitats/habitantes/habités se construisent autour des déchets et des ruines du capitalisme. Le projet prend la forme d’une installation composée de sculptures en mycélium de champignon à la fois inerte et vivant et d’une vidéo entre documentaire, fiction et performance. L’ensemble devient un mélange burlesque, baroque de cohabitation symbiotique entre multiples genres et espèces.
Souvenir de l'homme plastique, Jacynthe 2023
Dans la brume, de Louise Mervelet
L'esthétique pop de Louise Mervelet questionne la notion de divertissement en tant qu’arme de résistance et de subversion. Elle combine une pratique plastique d’atelier à un travail théorique ancré dans le champs du féminisme intersectionnel, des queer studies et de la littérature : ceci dans le but de créer des objets plastiques vecteurs de récits hors des sentiers battus de l’histoire des vainqueurs. Sa démarche est résolument collaborative, dispersée, transdisciplinaire et expérimentale.
Portrait de Louise Mervelet
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Le projet de vidéo ou pièce sonore Dans la brume s’ancre autour d’un élément clé du paysage sétois : le Phare du Mont-Saint-Clair. A partir du recueil de récits et d’informations auprès de différentes protagonistes de la ville - les vendeurs et vendeuses d’huître, les ostréicultureurs et ostréicultrices, les étudiant.es de l’école d’art préparatoire - l’artiste envisage d’écrire un faux mythe, un conte qui prendrait pour décor, pour personnage principal ce phare.
Dans la brume, Louise Mervelet, 2023
AMIEX, de Andréanne Béguin
La pratique curatoriale d’Andréanne Béguin se joue des incohérences et scories du système capitalisme et de la pensée logistique, par des confrontations avec des périodes historiques prémodernes, notamment le Moyen-Âge. L’approche transhistorique permet de faire jaillir, dans le creux de l’Histoire, avec la complicité des artistes, de nouveaux récits et contre-discours.
Portrait Andréanne Béguin
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L’exposition AMIEX est imaginée à partir d’un récit médiéval, dans lequel Montpellier sert de décor à une histoire d’amitié entre deux femmes, Aelis et Ysabeau. AMIEX souhaite faire voyager l’amitié, du Moyen-âge jusqu’à aujourd’hui, pour la faire sortir de son cadre patriarcal avec la ré-appropriation des espaces dédiés, de l’humour, du désir, de la sexualité, des schémas familiaux … de tout ce qui constitue nos liens de proximité et d’amitié. Collectivement, par la performance, l’installation, la vidéo, la sculpture, l’exposition tente, pour l’Histoire encore à écrire, de ré-enchanter nos amitiés et de donner d’autres fins – féministes, mixtes, queers, interspécistes – à cette fable occitane.
Konstantinos Kyriakopoulos, The Floor is Lava II, 2022, L'Aconservatoire, Noisy-le-Sec
© Konstantinos Kyriakopoulos